Vanessa & Emilie
Voyage du 25 juillet au 1er août 2021
Dimanche 25 juillet, 18h, mon avion atterrit à Bucarest. Mon précédent voyage sur place remonte à septembre 2020, le temps m’a paru long. Enfin, je repose le pied dans ce pays où j’ai tant donné de moi-même. Enfin !
Je retrouve Mihai, le chauffeur principal de nos rapatriements Roumanie-France pour nos chiens réservés, et ensemble nous nous rendons tout de suite à la clinique de Mircea, vétérinaire à Bucarest, pour y déposer 2 chiens de Pascani avec des problèmes de santé : Fata, chienne de taille moyenne d’environ 4/5 ans, paralysée et Sampra, un chiot femelle que nous soupçonnons d’avoir de la dysplasie. Ils y resteront pour avoir des examens et être si besoin opérés.
Nous faisons la route de nuit, nous arrivons à Pascani vers 1h30 du matin. Enfin, je suis de retour.
Le lendemain, je rencontre Andreea, qui est à présent la vétérinaire principale du refuge, sous la direction de Lucian, et nous nous rendons ensemble au refuge pour y passer la journée. Je retrouve sur place Emilie, notre vice-présidente, qui habite en Roumanie depuis octobre et dédie ainsi tout son temps au refuge et à nos chiens. Je vais essayer de résumer ensuite cette semaine au travers des refuges que nous avons visités, allant du petit refuge improvisé par des particuliers au fond de leur jardin à la grosse fourrière mouroir publique… J’espère que cet éclairage des différentes situations rencontrées vous permettra d’avoir une meilleure vision de la Roumanie et des conditions de vie des chiens errants sur place :
1. Petit refuge de Lili
30 chiens et chats – Pascani
Commençons ce résumé par un petit refuge, totalement improvisé, construit par une bénévole nommée Lili dans son jardin. Lili réside à Pascani et abrite chez elle des chiens et chiots pour différentes associations, dont la nôtre. Les boxes sont faits de bric et de broc, elle doit avoir environ une trentaine de chiens sous sa protection, elle a également une basse-cour, des chats… Surprise dans un boxe, un petit goéland qui ne peut plus voler… Dans un coin, un bassin avec des poissons… Clairement, Lili aime les animaux.
2. Petit refuge de Gina
30 chiens et chats – Oglinzi (Targu Neamt)
Nous apportons de l’aide à Gina depuis un an environ, elle est en train de créer une petite association locale pour sauver des chiens des rues. Gina habite à Targu Neamt mais n’a pas le permis, elle recueille des chiens sur un terrain qu’elle loue à Oglinzi, un petit village de campagne environnant. Et quand elle ne peut plus en accueillir mais qu’il y en a d’autres à sauver, elle nous appelle à l’aide et nous les prenons à notre charge. Elle collabore avec une association britannique pour les chiens de son petit refuge, il doit y avoir une trentaine de chiens et chats sur place. Nous voyons Persévérance sur place, petite chatte aveugle qu’elle a recueillie et pour laquelle nous avions réglé les soins vétérinaires.
3. Refuge de Luminita
120 chiens – Pascani
Je profite de mon séjour à Pascani pour visiter le refuge de Luminita, aidée par l’association les Anges de Lumi. Dans un ancien bâtiment désaffecté, acheté aux enchères, Luminita s’occupe avec l’aide de Loredana, une orpheline qu’elle a adoptée, de 120 chiens environ. Le refuge est découpé en plusieurs cours et boxes, dédiés à chaque type de chien (chiots, chiens adultes de petite taille, tailles moyennes et grandes tailles). Le bâtiment principal abrite une salle d’accueil, une salle de bain, une chambre pour Loredana et une salle de stockage où Luminita projette de créer une petite clinique, afin d’éviter d’avoir à transporter systématiquement les chiens à stériliser ou soigner au vétérinaire.
4. Fourrière publique de Roman
50 chiens – Roman
Nous sauvons régulièrement des chiens de la fourrière mouroir de Roman, à un peu moins d’une heure de route de Pascani. Cette petite fourrière pratique l’euthanasie systématique des chiens non réclamés ou réservés après 14 jours. Nous l’avions déjà visitée en septembre 2020, nous y retournons pour voir si la situation a évolué, mais elle est identique. Nous constatons que beaucoup de chiens sont déjà réservés, notamment en Grande-Bretagne, et cela nous réjouit. Il reste quelques chiens qui viennent d’arriver à la fourrière, certains sont totalement perdus, notamment une femelle qui tremble de tous ses membres dans un coin… L’arrivée en fourrière est toujours un choc pour ces chiens, d’autant plus que la manipulation des salariés est très brutale… Nous espérons pouvoir sauver davantage de chiens de cette fourrière, si l’on parvient à libérer de la place dans notre refuge.
5. Refuge de Camelia
40 chiens et 35 chats – Axintele (Urziceni)
En fin de séjour, nous redescendons vers le sud du pays et allons à la rencontre de Camélia. Nous l’aidons depuis plusieurs années maintenant, suite au décès de son papa, elle et sa maman se sont retrouvées seules, sans moyens financiers, pour gérer tous leurs animaux, et la situation animale et humaine étaient terribles. Camelia a un grand terrain, séparé en différents grands espaces, sur lequel elle a recueillis des animaux abandonnés ou errants. Ses chiens sont bien nourris et soignés, probablement mieux qu’elle ne l’est elle-même !
Sa situation nous inquiète et nous décidons de lui apporter davantage d’aide : nous nous rendons à Urziceni, la plus grande commune proche, et y achetons 80kg de croquettes pour chiens adultes, 30kg de croquettes chiots Royal Canin gastro-intestinal pour les 10 chiots qu’elle a sauvés de ses voisins avec notre aide, les autres ayant été empoisonnés, 15kg de pâtée pour chien, 15kg de croquettes chats, et des produits d’alimentation et hygiène pour elle : huile, farine, jus de fruit, sacs poubelles, conserves, viande, fromage, biscuits, pain, gel douche… Nous lui donnons également 3 sacs/cartons de collectes que des donateurs nous avaient confiés pour elle. Nous espérons que cette aide providentielle lui apportera un peu de bien-être, à elle et ses animaux.
Malheureusement, nous ne pouvons pas rencontrer Violeta, dame très âgée qui avait été expulsée de sa maison et que nous avions aidée, elle et ses animaux, car elle est en clinique à Bucarest pour des problèmes de santé. Camelia nous informe qu’il est probable qu’elle entre en maison de retraite pour y être soignée. Nous rencontrons toutefois avec beaucoup de plaisir ses animaux.
6. Refuge de Carmina
45 chiens et 20 chats – Budesti (Calarasi)
Nous nous rendons également au refuge de Carmina, à Budesti, au sud-est de Bucarest. Je connais Carmina depuis une dizaine d’années maintenant. Je retrouve avec plaisir son refuge dans lequel elle a mené, au fil des années, des améliorations. Ainsi, je découvre 3 nouveaux boxes construits avec l’aide de voisins, elle tente également d’aménager l’intérieur d’une maison sur place afin de construite une salle qui servira de clinique afin de ne pas avoir à amener ses chiens à Bucarest pour chaque soin, une salle de bain et un petit espace où elle pourrait rester dormir pour le week-end. Elle bénéficie de l’aide également d’une association allemande. Ses boxes se répartissent autour d’une grande cour commune où les chiens sont sortis quotidiennement pour jouer et faire leurs besoins. Elle a malheureusement beaucoup de chiens craintifs dans son refuge, qui évoluent peu et de fait ont peu d’espoir d’adoption. Mais elle est heureuse de les avoir sauvés et espère un jour que tous auront une famille.
7. Fourrière publique de Giurgiu
600 chiens – Giurgiu
Nous découvrons pour la première fois cette énorme fourrière, située tout au sud du pays, à la frontière de la Bulgarie, au bord du Danube. Nous espérions découvrir une ville accueillante, organisée autour du port marchand, mais nous avons plutôt l’effet d’une ville fantôme, simple lieu de passage dénué de vie. A la fourrière nous sommes accueillis notamment par le vétérinaire, qui est occupé et ne semble pas ravi de notre arrivée. Nous sommes suivies tout au long de notre visite par un salarié, dès le 5ème boxe nous lui signalons un chiot en train d’agoniser, le chiot décédera finalement… Il semblait souffrir de la maladie de Carré, avec des réflexes nerveux… Les rangées de boxes sont nombreuses, nous enchaînons les boxes, pas de niches dans ceux-ci mais ils ont tous un toit. Nous découvrons des centaines de chiens magnifiques, sociables pour la plupart, en attente d’une famille… Sauf qu’il n’y a pour ainsi dire aucune association qui aide cette fourrière et ils n’ont quasiment aucun espoir de sortie… Nous avons nous-mêmes réussi à sortir une vingtaine de chiens de cette fourrière peu de temps auparavant, nous nous promettons d’en sauver davantage dès que nous aurons la place au refuge… Assez rapidement, un second salarié se joint à nous et nous interdit de faire des photos… Après négociation, nous obtenons le droit de prendre certains chiens en photo, et il nous montre ses chiens préférés… En fin de visite, nous rencontrons l’assistant manager de la fourrière, qui nous remercie pour notre visite et nous propose son aide pour nous envoyer des photos des chiens. Nous quittons la fourrière le cœur chaviré, au bord des lèvres…
8. Refuge d’Alina et Anda
250 chiens et chats – Sintesti
Ayant juste assez de temps avant mon vol retour, j’en profite pour retourner voir Alina et Anda, ma dernière visite remontant à quelques années. Je suis agréablement surprise par les améliorations menées sur place : nouveaux boxes carrelés abrités, enclos pour la chèvre et le cochon, zone de stockage et petit appartement à l’étage du bâtiment principal, petite infirmerie… La rangée de boxes principale, tout en longueur, s’étend autour de la cour centrale commune. A l’extérieur du refuge, un sas a été créé, et sur le côté s’organisent quelques enclos de fortune. Des chiots partagent un grand parc avec les 2 ânesses du refuge. Alina s’apprête à entamer sa 4ème année d’école vétérinaire à Bucarest, ces études l’aident sans nul doute dans la gestion de son refuge. Avec son conjoint, ils rapatrient eux-mêmes en France les chiens de leur refuge. La chaleur est accablante ce jour-là, il doit faire plus de 40°C, les chiots se couchent dans les piscines-coquilles ou plongent leurs pattes dans des seaux. Il est quasiment insupportable de rester en plein soleil avec ce niveau de température.
9. Remember Me Land
400 chiens et 2 chats – Cristesti (Pascani)
Et enfin, je termine ce carnet de voyage avec Remember Me Land, notre refuge, qui abrite environ 400 chiens et 2 chats. Il est toujours aussi agréable de retrouver notre refuge et son si bel environnement, en pleine forêt. Néanmoins, je suis inquiète en raison du nombre de chiots que nous avons recueillis cet été, plus de 80 ! Chaque été la situation se reproduit, des dizaines et des dizaines de chiots sont abandonnés en masse ou ramassés au bord des routes… Nous-mêmes, en partant pour Giurgiu, avons dû rebrousser chemin après avoir ramassé un petit chiot blanc au bord de la route, en lisière de forêt… Nous avons beau avoir 56 boxes, ceux-ci sont bien remplis, par parfois 5,6,7 ou même 8 chiens… Les grands parcs de détente sont également chargés, tout comme l’entrée… Nous souffrons hélas des abandons massifs en cette période, des naissances de chiots non désirés dans les villages alentours et du manque d’adoption en France en cette période estivale, les gens se focalisant davantage sur leurs vacances que sur le fait de sauver une vie…
Néanmoins, les chiens mangent à leur faim, certains nécessitent de lourds soins (Warrior, Leprechaun…) quotidiens qu’Emilie peut leur prodiguer. Elle amène systématiquement chaque chiot qui semble en sale état à la clinique de Lucian. Et justement, un chiot que nous identifions un jour nous semble mal en point, nous le ramenons à la clinique et la petite est testée positive au parvovirus et au coronavirus… Elle décèdera dans la nuit… Nous amenons également Freedom, qui est couchée dans un coin de l’entrée pendant toute une journée, sans bouger, et parvenons à la sauver avec l’aide des vétérinaires : sa bronchopneumonie est rapidement maîtrisée et c’est avec plaisir que nous la voyons remuer la queue, jouer et nous faire des câlins dans les jours qui suivent.
Voilà un résumé, assez long je le concède, dans ce voyage riche en rencontres et en émotions. Beaucoup d’autres voyages ont précédé celui-ci, et beaucoup d’autres lui succéderont, j’espère néanmoins que vous apprécierez ces visites à mes côtés, cette petite tranche de vie roumaine pour les chiens errants que j’ai souhaitée vous partager.
Je tiens à tous vous remercier pour votre soutien qui permet à Remember Me Land d’exister et de poursuivre son activité, de continuer à sauver toujours davantage de chiens errants, abandonnés, malades ou rescapés de fourrières publiques. Et je tiens à remercier tous ceux qui ont rendu ce voyage aussi unique : Emilie, Lucian, Monica, Sofia, Andreea, Alina, Mihai, Anna, Razvan, Carmina, Mircea, Nicolai, Camelia, Marius, Mihaela, Ana Maria, Anda, Adriana, Luminita, Nicu, Gina, Petrica, Mihai, Culita… et tous ceux que j’oublie certainement mais que je remercie pourtant tout autant.
Vanessa Manand
Présidente de l’association Remember Me France